Comparatif entre la loi Girardin industriel et le Girardin logement social : quel dispositif pour quel profil d’investisseur ?

Un combat entre deux champions de la défiscalisation

En matière de défiscalisation, peu de dispositifs suscitent autant d’intérêt que les deux volets de la loi Girardin : le Girardin industriel et le Girardin logement social. Ces leviers fiscaux, créés par la loi du 21 juillet 2003 de programme pour l’outre-mer (loi n° 2003-660), sont conçus pour encourager l’investissement dans les territoires ultramarins tout en offrant une réduction d’impôt attractive. Mais selon votre profil d’investisseur, l’un peut se révéler plus pertinent que l’autre.

Cet article va lever le voile sur ces deux dispositifs et vous aider à faire le bon choix en fonction de vos objectifs patrimoniaux, de votre appétence au risque et de votre horizon de placement.

Qu’est-ce que la loi Girardin ?

Instaurée pour stimuler le développement économique et social des Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM-COM), la loi Girardin permet aux contribuables français de réduire leur impôt sur le revenu en finançant des projets dans les DOM-TOM.

Deux grandes variantes coexistent :

  • Le Girardin industriel : destiné à financer des équipements industriels au profit d’entreprises locales, principalement des PME.
  • Le Girardin logement social : qui vise à construire ou réhabiliter des logements sociaux afin de les mettre à disposition des collectivités d’outre-mer.

Dans les deux cas, il s’agit de placements « one shot », c’est-à-dire que vous investissez une seule fois, et vous profitez d’une réduction d’impôts l’année suivante.

Le Girardin industriel : à qui s’adresse-t-il ?

Le Girardin industriel correspond à un placement de type « caritatif défiscalisant », car vous n’avez pas vocation à récupérer votre mise. Mais vous bénéficiez d’un avantage fiscal supérieur ou égal à votre investissement initial. C’est un peu comme un cadeau fiscal… enveloppé d’un petit zeste de risque.

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Avantages :

  • Une réduction d’impôt importante : souvent entre 110 % et 120 % de l’investissement initial
  • Réduction d’impôt imputable dès l’année suivant l’investissement
  • Durée d’engagement courte, généralement 5 ans

Inconvénients :

  • Risque juridique et fiscal (non-conformité du montage, non-respect des contraintes légales)
  • Non-restitution du capital investi
  • Plafond spécifique de 18 000 € pour les réductions d’impôts outre-mer (article 199 undecies B du CGI)

Idéal pour :

  • Les contribuables fortement imposés (à partir de 6 000 € d’IR annuel)
  • Les profils acceptant de prendre un risque mesuré pour une réduction d’impôt maximisée
  • Ceux cherchant une solution rapide (gain fiscal en N+1)

En résumé, c’est comme une fusée fiscale : ça va vite, ça impressionne et ça peut comporter quelques turbulences si le montage est mal ficelé.

Le Girardin logement social : un investissement plus sécurisé

Le Girardin logement social repose sur le même principe de réduction d’impôt que son cousin industriel, mais avec une finalité sociale plus marquée : favoriser l’accès au logement dans l’outre-mer.

Il offre généralement une réduction d’impôt un peu moindre que l’industriel, mais avec un risque juridico-fiscal plus faible parce que les montages sont souvent portés par des organismes HLM ou des structures publiques.

Avantages :

  • Réduction d’impôt sécurisée (car projets institutionnels encadrés)
  • Mise en œuvre via des bailleurs sociaux reconnus
  • Peu d’intervention de l’investisseur dans la gestion ou l’exploitation

Inconvénients :

  • Moindre rentabilité fiscale (entre 105 % et 110 % de retour sur investissement)
  • Engagement sur 6 ans minimum
  • Plafond de 18 000 € également applicable (Article 199 undecies C du CGI)

Idéal pour :

  • Les contribuables voulant défiscaliser sans prise de tête
  • Les profils prudents, cherchant sécurité et traçabilité
  • Les personnes sensibles à l’impact social de leur investissement
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En d’autres termes, c’est un peu le « placement zen » de la défiscalisation : ça ne bouge pas, ça rassure et ça fait du bien (socialement et fiscalement).

Girardin industriel vs logement social : le tableau récapitulatif

Critère Girardin industriel Girardin logement social
Type d’investissement Financement d’un matériel pour entreprise locale Financement d’un logement social
Réduction d’impôt 110 % à 120 % environ 105 % à 110 % environ
Durée d’engagement 5 ans 6 ans
Niveau de risque Modéré Faible
Public cible Contribuable aimant les montages dynamiques Profil prudent et socialement engagé
Plafond global de la niche fiscale 18 000 €/an pour les deux dispositifs, à ne pas dépasser – article 199 undecies B et C du CGI

Le mot du fiscaliste : miser plutôt deux fois qu’une

Dans une optique d’optimisation de patrimoine et de défiscalisation intelligente, certains contribuables peuvent aussi diversifier en combinant les deux types de Girardin, dans le respect du plafond global de 18 000 €.

Par exemple :

  • Un investissement dans un projet de Girardin industriel porté par un opérateur expérimenté, pour chercher performance fiscale
  • Un second ticket dans un Girardin logement social pour équilibrer le risque

En mixant les deux, vous harmonisez rendement fiscal et sécurité : un cocktail efficace pour danser avec Bercy sans faux pas.

Un dernier conseil ? Ne vous lancez jamais dans un Girardin les yeux fermés. Passez par une société spécialisée, agréée et auditée. Et vérifiez toujours le respect des conditions d’éligibilité : affectation des fonds ultra-marins, durée de détention des actifs, bénéfices aux entreprises locales, etc.

La loi Girardin, bien utilisée, peut devenir votre meilleure alliée contre l’impôt tout en contribuant à un développement utile et solidaire des régions ultramarines.

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